Délégation Déchaumage derrière la tonne à lisier : deux opérations en un seul passage
Le Gaec Plumalac, à Maulévrier, en Maine-et-Loire, a choisi une prestation d’enfouissement du digestat avec une rampe à disques déchaumeurs attelée derrière la tonne d’épandage. Résultats : du temps gagné pour préparer les sols avant le semis et une moindre volatilisation du fertilisant épandu.
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Chaque année, c’est le même scénario. Quand les beaux jours s’installent, c’est la course contre la montre car tous les travaux arrivent en même temps : ensilage d’herbe, préparation des semis de maïs, épandages… «Le problème s’est encore accentué ce printemps avec les averses fréquentes qui ont souvent chamboulé les plannings, ajoute Thomas Ferchaud, un des trois associés du Gaec Plumalac, à Maulévrier (Maine-et-Loire). Pour gagner du temps entre la récolte de l’herbe et l’implantation du maïs, nous avons donc délégué l’épandage du digestat à une entreprise équipée d’un déchaumeur installé derrière la tonne à lisier. En un seul passage, l’effluent est enfoui et le terrain est retourné. Cette stratégie affiche plusieurs avantages. Le premier : nous économisons un passage de tracteur et d’outil. Le second est d’ordre agronomique. Via cette pratique, le risque de pertes d’éléments fertilisants par volatilisation ou par ruissellement est limité puisque le digestat est directement incorporé dans le sol. »
Méthanisation collective
Le Gaec Plumalac fait partie des 28 exploitations regroupées au sein du projet de méthanisation collective Rivergaz, implanté sur la commune de Maulévrier. Les effluents des différentes fermes sont collectés et mis en commun pour alimenter l’unité de production de biogaz. Chaque exploitation récupère ensuite une quantité de digestat correspondant à ses apports. Thomas Ferchaud et ses associés confient l’épandage à la société Efflu’tech, basée en Vendée, à quelques kilomètres de l’exploitation. Cette ETA s’est spécialisée dans la gestion de tous les effluents, liquides ou solides, et propose une large panoplie de solutions : pendillards, enfouisseurs à dents, à disques, etc.
Dans ce secteur des Pays de la Loire où l’élevage de canards est assez développé, la technique de l’enfouissement direct derrière la tonne à lisier s’est beaucoup développée ces dernières années. En 2016, la réglementation a en effet imposé d’incorporer directement dans le sol les lisiers de canards épandus au champ, afin de lutter contre l’épidémie d’influenza aviaire. Le Gaec, qui exploite aussi un bâtiment d’élevage de canards, a vu ainsi le matériel évoluer. «Cette ETA propose plusieurs outils que nous avons déjà employés, comme des enfouisseurs à disques pour injecter du digestat sur les prairies entre deux récoltes, ajoute Thomas. Par le passé, nous avons aussi réalisé des chantiers de déchaumage avec une rampe équipée de dents. Ce matériel est intéressant à utiliser à l’automne, par exemple, entre la récolte du maïs et l’implantation d’une prairie. Les dents restructurent le sol, parfois dégradé par le passage des remorques au moment de la récolte.»
Deux rangées de disques
Pour cet épandage de printemps, la rampe à disques a été privilégiée. En effet, l’enjeu était différent, puisqu’il s’agissait cette fois-ci de détruire une parcelle implantée en ray-grass italien, afin de semer du maïs dans la foulée. Le tissu racinaire du ray-grass étant généralement très dense, les disques sont plus efficaces que les dents pour découper les résidus.
La rampe repliable montée derrière la tonne mesure 6 mètres de largeur. Elle comprend deux rangées de 20 disques obliques de 50 cm de diamètre, avec deux roues de jauge latérales pour ajuster la profondeur du travail. À l’arrière, un rouleau à barres rappuie légèrement le sol en cassant les mottes. Le flux de lisier en sortie de la tonne est envoyé vers une tête de répartition qui alimente les 20 descentes accolées aux disques de la première rangée. Le digestat est ainsi recouvert instantanément, ce qui réduit le risque de volatilisation de l’azote.
L’ETA a aussi installé sur son matériel un capteur NIR, dispositif d’analyse en continu du produit épandu par rayons infrarouges. Cette technologie détermine les teneurs en éléments fertilisants, azote, phosphore et potassium notamment. Les valeurs exprimées en kg/m3 s’affichent directement à l’écran sur la console en cabine. De son côté, le chauffeur peut définir une dose cible et fixer ainsi le débit de la tonne à lisier pour apporter la quantité prévue à l’hectare.
Grâce à cette analyse en direct, l’entreprise de travaux remet, en fin de chantier, à ses clients, une carte des apports réalisés qu’ils peuvent joindre à leur plan d’épandage. L’exploitation se trouvant à proximité d’un barrage destiné à la production d’eau potable, les pratiques culturales sont suivies de près. Sur ces parcelles destinées à recevoir du maïs, la dose épandue est de 40 m3/ha. La tonne à lisier a une capacité de 25 000 litres. Elle est équipée de trois essieux avec des pneumatiques de dimensions 750 60 R 30.5, une monte large indispensable pour préserver la structure des sols.
Le tracteur à l’avant est un John Deere 8R de 370 ch. Il est naturellement équipé de l’autoguidage et le chauffeur réalise ainsi des passages parallèles à distance régulière sur la parcelle, ce qui simplifie les manœuvres en fourrière et garantit une bonne répartition du digestat, sans double ni manque.
Besoin de 80 ch supplémentaires
« Comparativement à une tonne de capacité équivalente qui serait équipée d’une rampe à pendillards classique, ce déchaumeur nécessite plus de puissance, commente David Jobard, cogérant d’Efflu’tech. Nous estimons ce besoin à 80 ch supplémentaires au niveau du tracteur pour tirer une rampe de 6 mètres. Le débit de chantier est également un peu moins élevé. Quand la fosse est située à proximité des parcelles, une tonne avec une rampe à pendillards de 24 m de largeur atteint souvent les 100 m3/h. En prestation de déchaumage, le débit est plutôt de l’ordre de 75 m3/h. Ce type de chantier est facturé à l’heure. Pour une même quantité de lisier ou de digestat, l’épandage avec déchaumage revient donc forcément un peu plus cher. Mais le client reste gagnant, car à la fin de la prestation, la parcelle est déjà travaillée, ce qui lui évite un passage de tracteur supplémentaire. »
L’éleveur confirme l’intérêt économique de l’opération et ajoute que, en période de pointe, la délégation lui libère aussi du temps pour d’autres travaux. Sur les parcelles de ray-grass italien ainsi travaillées cette année, les associés ont réalisé un second passage de déchaumeur pour détruire complètement les repousses, puis le terrain a été labouré et semé. La logistique doit être optimisée vu que le chantier est facturé à l’heure et non à l’hectare travaillé. Les associés du Gaec souhaitent, dans un avenir proche, réaménager leurs stockages d’effluents sur la ferme. Ils disposent aujourd’hui de deux fosses ouvertes, distantes d’une cinquantaine de mètres environ : une de 1 200 m3 de capacité pour le bâtiment de canards, et une autre de 2 500 m3 en face de la stabulation des vaches. L’idée, à terme, est d’aménager un transfert pour envoyer tout le lisier des deux élevages dans la plus petite fosse et réserver la seconde pour stocker uniquement du digestat. Ainsi, la logistique serait simplifiée puisqu’un camion-citerne ou une tonne derrière un tracteur pourrait venir déposer du digestat sur la ferme et repartir avec du lisier destiné à la méthanisation. Lors des épandages, l’ETA s’approvisionnerait directement dans la fosse de l’exploitation, ce qui réduirait les temps de transport sur route et, aussi, la facture finale.
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